Concert du 17/06/2018 – 10ème anniversaire des Saisons de l’Orgue

Ensemble vocal Aura Juvenis des Ateliers Beaux-Arts de la Ville de Paris
direction Isabelle HEBRARD, orgue Jean-Yves LACORNE
(*)
(*) organiste titulaire à la Cathédrale Saint-Louis de Choisy-le-Roi

————————————————————————————————————————————————————————————————————–

Présentation

De la puissante « Messe à 5 voix » de William Byrd aux « 5 Poèmes a capella » de Pascal Franck (dont ce sera la première audition en présence du compositeur), les diverses étapes musicales du concert conduiront chœur et public en explorations singulières, avec l’émouvante déploration sur la mort de Johannes Ockeghem « Nymphes des Bois » de Josquin des Prés et des œuvres d’orgue de Jean-Adam Guilain et de Jehan Alain.

————————————————————————————————————————————————————————————————————–

Programme

  • Jacques BOYVIN (1649-1706) : Grand Prélude avec les pédales de Trompettes meslées (orgue)
  • Anonyme portugais (18ème siècle) : Batalha famosa (orgue)
  • Matthew LOCKE (v.1622-1677) : Voluntary en la mineur (orgue positif)
  • William BYRD (1538-1623) : Messe à 5 voix : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Benedictus, Agnus Dei
  • Jean-Adam GUILAIN (1680-1739) : Dialogue sur les Grands Jeux et Récit de Tierce en Taille
  • JOSQUIN des PRES (v.1450-1521) : « Nymphes des bois », déploration sur la mort de Jean Ockeghem
  • Jehan ALAIN (1911-1940) : Deux danses à Agni Yavishta (orgue)
  • Pascal FRANCK (1960) : Perpetuum mobile, extrait du Sentier des Limbes (orgue)
  • Pascal FRANCK : Cinq Poèmes a capella (1ère audition)
    • Le Rêve étrange, Paul Verlaine (1844-1896)
    • Sous le pont Mirabeau, Guillaume Apollinaire (1880-1918)
    • Vague profonde, Pascal Franck (1960)
    • Mignonne, Pierre de Ronsard (1524-1585)
    • Ceux qui sont amoureux, Joachim Du Bellay (1522-1560)

———————————————————————————————————————————————————————————————————–

Nymphes des bois

Nymphes des bois, déesses des fontaines
Chantres expers de toutes nations
Changez voz vois tant cleres et haultaines
En cris tranchantz et lamentations
Car d’Atropos les molestations
Vostr’Ockeghem par sa rigueur attrappe
Le vray tresoir de musicque et chief d’oeuvre
Qui de trépas désormais plus n’eschappe
Dont grant domaige est que la terre coeuvre

Accoutrez vous d’habits de doeuil
Josquin, Brumel, Pierchon, Compere
Et plourez grosses larmes d’oeil
Perdu avez vostre bon père,
Resquiescat in pace. Amen

Requiem aeternam dona eis Domine et lux perpetua luceat eis.
Donne-leur le repos éternel, Seigneur Et que la lumière brille à jamais sur eux.

————————————————————————————————————————————————————————————————————–

(Titre original : Mon rêve familier)

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine (1844-1896)

————————————————————————————————————————————————————————————————————–

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire (1880-1918)

————————————————————————————————————————————————————————————————————–

En cette vague profonde encerclant nos tourments
Le regard de l’ombre nous guette
Des tréfonds les âmes enfouies
Hurlent de peur d’être découvertes
Car de la lumière seule l’apparence
Des choses ou des êtres
N’apparaît qu’en futile vapeur
Mais d’un regard si profond de douleur
Tel un œil éclairant la mer
Le phase de notre pensée se noie
En cette vague profonde encerclant nos tourments

Pascal Franck (1960)

————————————————————————————————————————————————————————————————————–

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vêprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Pierre de Ronsard (1524-1585)

————————————————————————————————————————————————————————————————————–

Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront
Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront,
Ceux qui aiment l’honneur, chanteront de la gloire,
Ceux qui sont près du roi, publieront sa victoire,
Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront,

Ceux qui aiment les arts, les sciences diront,
Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire,
Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire,
Ceux qui sont de loisir, de fables écriront,

Ceux qui sont médisants, se plairont à médire,
Ceux qui sont moins fâcheux, diront des mots pour rire,
Ceux qui sont plus vaillants, vanteront leur valeur,

Ceux qui se plaisent trop, chanteront leur louange,
Ceux qui veulent flatter, feront d’un diable un ange :
Moi, qui suis malheureux, je plaindrai mon malheur.

Joachim Du Bellay (1522-1560)

————————————————————————————————————————————————————————————————————–

Le compositeur

Pascal Franck formé à l’Ecole Normale de Musique de Paris y obtient son diplôme d’enseignement et une Licence de Concert. Il y rencontre le compositeur Jean Bizet, qui l’encourage dans l’écriture et découvre l’écriture contemporaine. Il compose pour le théâtre, le piano, divers formations et pour la voix. Il s’intéresse aux musiques écrites de toutes les époques, mais sa passion reste la musique française du XXe siècle. Maurice Martenot lui donnera le goût de la pédagogie et suivant ses conseils, il se formera au génie informatique au
Conservatoire National des Arts et Métiers pour maîtriser les outils de création actuels. Directeur durant 17 ans à l’Ecole de musique,Théâtre et Danse de Jouarre il contribua aussi à l’éclosion de l’école de musique du Pays Fertois. Pascal Franck enseigne le piano et la musique de chambre dans un conservatoire du Grand Paris. Ses œuvres sont disponibles chez Fertile Plaine et sur son site internet « pascalfranck.net ».

————————————————————————————————————————————————————————————————————–

Les interprètes

L’ensemble vocal Aura Juvenis oeuvre pour le rayonnement artistique de l’atelier de chant choral des Ateliers Beaux-Arts de la Ville de Paris. Il interprète un répertoire étendu, du Haut Moyen Age à aujourd’hui. Ses concerts et tournées l’ont mené dans de nombreux sites : Festival Bach de Belvès, Festival du Périgord Vert, Abbatiale de Guîtres, Collégiades de St-Emilion, Nuits Musicales d’Aubeterre, Abbaye de la Lucerne d’Outremer, Abbaye du Bec-Hellouin, Basilique de Vézelay, Musiques à Pontorson…
Il affectionne les œuvres pour chœur et orgue des périodes baroque (Motets, cantates de J.S. Bach) et romantique (Messe en Fa, Stabat Mater, Hymnes de Rheinberger, Mendelssohn, Brahms… ) et s’adonne au répertoire a capella à travers de vastes pièces comme Les 12 Prophéties des Sibylles de Roland de Lassus, les chansons de la Renaissance et du XXe siècle (Debussy, Poulenc, Hindemith…).
Il a collaboré avec les compositeurs Monique Gabus pour sa cantate La nuit obscure et avec Bernard Cavanna et l’Ensemble 2E2M pour l’interprétation de Messe un jour ordinaire.
Cet ensemble édite en 2017 un disque Bach/Marcello, avec un ensemble instrumental baroque, disponible à l’issue du concert et sur www.aurajuvenis.com – contact : isabelle.hebrard@aurajuvenis.com

Prochain concerts , 3 et 4 août 2018 aux Abbatiades de Montebourg, Festival de Musique en Cotentin.

-o0O0o-

Chef de choeur, Isabelle Hébrard est professeur de chant choral aux Ateliers Beaux-Arts de la Ville de Paris depuis leur création avec un cursus d’études complet, et au conservatoire de Villejuif.
Diplômée de la Sorbonne, capésienne d’éducation musicale et chant choral, Isabelle Hébrard est aussi flûtiste et a longtemps dirigé l’Ensemble de Flûtes des Orchestres de Jeunes Alfred Loewenguth. Son parcours d’études instrumentales a été sanctionné par de nombreux 1ers prix de conservatoires et la Licence de Concert de l’Ecole Normale de Musique de Paris. Son cheminement musical est jalonné de concerts chorals, de récitals de flûte.
Elle a enregistré à France Culture de la musique de scène d’Isabelle Van Brabant pour le Festival d’Avignon. Le compositeur Pascal Franck lui dédie « Six Dessins » pour flûte seule qu’elle donne régulièrement en concert, ainsi que des œuvres de musique d’ensemble. Elle organise depuis 10 ans des séjours de travail choral à Montebourg (Manche) qui donnent naissance cette année au festival « Les Abbatiades de Montebourg ».
L’improvisation est pour Isabelle Hébrard un terrain d’exploration. Elle crée en 2013 l’Ensemble d’improvisation « Orage », réunissant choristes des ABA, instrumentistes, comédiens et danseurs, qui se produit en performances de soundpainting dans des expositions, concerts, manifestations culturelles, et lors de collaborations inventives avec des plasticiens.

Prochain concert : Les Vitraux et la Lumière, 27 juillet 2018 aux Abbatiades de Montebourg.

-o0O0o-

Après des études de piano, d’écriture et d’analyse musicale, de musicologie à la Sorbonne, Jean-Yves Lacorne étudie l’orgue avec Michel Jollivet, Gérard Letellier et d’autres Maîtres (Académie Internationale d’Orgue Ibérique de Francis Chapelet, Séminaire d’orgue de Wallonie de Jean Ferrard).
1ers Prix d’orgue, à l’unanimité, d’harmonie et contrepoint des conservatoires de la Ville de Paris, Médaille d’or de l’Ecole Nationale de Musique du Mans, Prix d’Honneur du concours de l’UFAM, Licences d’Interprétation et de Virtuosité (« Prix de la Ville de Chartres ») du Concours National Marcel Dupré, il est titulaire des orgues de la Cathédrale Saint-Louis de Choisy-Le-Roi (94). Il se produit en concert et récital et enseigne aux conservatoires de Villejuif/Le Kremlin-Bicêtre. Dédicataire de « Le Sentier des Limbes » de Pascal Franck, il crée cette œuvre à l’église St-Augustin à Paris. Il a enregistré un disque avec la flûtiste Isabelle Hébrard : Musique française : images poétiques et sacrées.

Prochains concerts flûte et orgue :
– 14 juillet 2018 à 20h45, à Montfarville, Festival des Orgues en Val de Saire (Manche)
– 20 juillet 2018 à 20h30, Les Abbatiades de Montebourg (Manche)
– 10 novembre 2018 à 15h , église St Louis de Vincennes avec l’orgue nouvellement construit.
Le Sentier de Limbes, œuvre d’orgue en 4 mouvements de Pascal Franck, y sera donné en intégralité.